Qui ne s’est pas posé la question, lors d’un voyage en Égypte ou en regardant un programme télévisé, de savoir comment une civilisation antique, sans technologie ni moyens modernes, a pu construire d’aussi grandes structures ? Des structures si imposantes qu’elles se voient de l’espace… Certains affirment que ces édifices ont été construits de l’intérieur, tandis que les plus farfelus attribuent leur apparition à l’implication d’être venus d’ailleurs… Comment faisaient les Egyptiens ?
Le mystère le plus déroutant réside toujours dans la façon dont les pierres, plus volumineuses les unes que les autres, ont pu se frayer un chemin en plein milieu du désert, sans aucune assistance mécanique, aucune.
La réponse se trouve peut-être dans les résultats d’une étude réalisée par des scientifiques néerlandais, chercheurs à l’Université d’Amsterdam, publiée en 2014 dans la Physical Review Letters. On a longtemps pensé que les Égyptiens utilisaient des traîneaux en bois pour transporter les blocs de pierre, mais, jusqu’à la découverte des Hollandais, personne n’avait vraiment compris comment ces peuples avaient surmonté le problème de friction. D’après les scientifiques, il s’agit d’un très beau tour de passe-passe, rien de plus…
Il est probable que les Égyptiens aient mouillé le sable. Les scientifiques universitaires pensent que, pour déplacer de lourds blocs de pierre à travers le désert, les Égyptiens ont placé les objets lourds sur des traîneaux tirés par des ouvriers sur le sable. Les recherches indiquent que, pour ce faire, le sable était mouillé. Tout est une question de lois de physique. Les traîneaux utilisés par les Égyptiens pour transporter deux tonnes de pierres étaient relativement rudimentaires. Il s’agissait de planches en bois aux bords recourbés. Sur le sable sec, les Égyptiens ont observé que le traîneau, pendant qu’il avançait, formait un tas de sable et avait du mal à se déplacer. Le seul moyen d’avancer aurait été de retirer le sable à l’avant du traîneau, au fur et à mesure de sa progression. Un procédé relativement fastidieux, il va de soi.
Sur le sable mouillé, en revanche, le système fonctionne différemment. Les scientifiques néerlandais indiquent que le frottement du glissement sur le sable est largement réduit en ajoutant de l’eau, même très peu. En mesurant la rigidité des grains de sable préalablement humidifié puis séché au four, les scientifiques se sont aperçus qu’il apparaissait une formation de « ponts capillaires », c’est-à-dire de très petites gouttelettes d’eau qui collent les grains de sable les uns aux autres. Ces ponts ont non seulement empêché la formation d’amas de sable à l’avant des traîneaux, mais ont également réduit de moitié la force nécessaire pour les déplacer. En conséquence, les Égyptiens, déménageurs d’exception, ont eu besoin de la moitié des hommes pour tirer les traîneaux sur du sable mouillé.
Les études scientifiques indiquent que la force nécessaire diminue proportionnellement à la rigidité du sable. La quantité d’eau adéquate permettait ainsi de rendre le sol deux fois plus rigide que du sable sec. Ainsi, un traîneau pouvait glisser bien mieux sur un sol dur que sur du sable classique dans lequel il pouvait s’enfoncer.
En revanche, un surplus d’eau pouvait entraîner des problèmes. En effet, les scientifiques ont découvert que le frottement statique diminuait progressivement en amplitude au fur et à mesure que l’eau était ajoutée au système.
Les conclusions des scientifiques hollandais quant à l’utilisation de l’eau par les Égyptiens sont corroborées par une peinture murale découverte dans la tombe de Djehutihotep. Une éclaboussure d’orange et de gris semble en effet montrer une personne située à l’avant d’un grand traîneau, versant de l’eau sur le sable, pour faciliter son passage. Bien entendu, cette découverte donne lieu à de nombreux débats et interrogations…
En effet, les Égyptiens utilisaient également l’eau dans le cadre d’un rituel de purification. Néanmoins, l’expérience de l’université d’Amsterdam semble confirmer que la rigidité du sable, au moyen de l’eau, permet de rigidifier le sable et donc se corréler à la force de friction. Une astuce pratique dont les Égyptiens, déménageurs d’exception, étaient très certainement conscients.